Ce que j’ai appris pendant le cours «introduction à l’étude des médias»

Dans le cadre de mon baccalauréat en journalisme numérique à l’Université d’Ottawa, je me suis inscrit au cours Introduction à l’étude des médias pour la session d’automne 2016. Lorsque M. Pierre Lévy nous a donné le syllabus du cours, le 12 septembre dernier, je pensais que c’était une blague: un cours universitaire qui se déroule sur Twitter! De plus, il n’y aucun examen, c’est la cerise sur le gâteau. Ça ne pouvait pas être du sérieux, on ne peut pas apprendre avec toutes les distractions qu’il peut y avoir sur Twitter sans avoir la motivation de bien faire à l’examen, me disais-je. Je n’aime pas avoir tort. J’aime encore moins avouer que j’ai eu tort, mais là, c’est indéniable: j’étais complètement dans le champ.

15337625_1302509209815567_4194184578802147085_n

Le système est simple, mais efficace. Dans la première partie du cours, le professeur explique la matière à l’avant et les élèves doivent publier des tweets (avec le hashtag #UOIM) qui résument le contenu expliqué par M. Lévy. Dans la deuxième partie du cours, le professeur formule une question interactive du genre «qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans ce que vous avez appris aujourd’hui?» et les élèves doivent publier leur réponse sur Twitter une fois de plus.

L’un des principaux obstacles à l’apprentissage de ce format est que certains étudiants peuvent choisir de ne rien écouter et de simplement publier la même chose que les autres. Pourtant, j’ai pu observer que la grande majorité des étudiants cherchaient à publier des tweets originaux, à se démarquer des autres. On distingue facilement ceux qui sont là pour apprendre de ceux qui sont là pour obtenir des crédits. De toute façon, tout le monde fini par s’écoeurer d’être sur son cellulaire pendant toute la durée du cours au lieu de suivre ce qui se passe à l’avant, alors autant suivre du début à la fin! Toutefois, je suis conscient que certains ont un déficit d’attention et ce format leur convient admirablement bien. S’ils sont dans la Lune pendant cinq minutes et qu’ils ne comprennent plus les propos de M. Lévy, ils peuvent tout simplement aller relire les tweets publiés pendant que leur esprit vagabondait je ne sais où. Ainsi, les étudiants ne sont pas forcés d’écouter et d’apprendre pendant toute la durée de la classe, mais ceux qui le font en retirent une expérience enrichissante positive.

Cette possibilité de mieux comprendre les différents concepts du monde des médias via la contribution des autres élèves de la classe crée une certaine « intelligence collective » qui prend le dessus sur les propos individuels de chacun. Cette contribution permet à chacun d’apprendre à son rythme s’inscrit bien dans la fameuse maxime « un pour tous et tous pour un » dans le sens où chaque publication profite aussi bien au groupe qu’à chaque personne de façon individuelle.

D’ailleurs, les tweets ne sont pas uniquement profitables aux élèves, ils le sont pour le professeur également. En lisant les tweets, le professeur peut établir ce que les élèves ont retenu de son cours et rectifier le tir dans l’éventualité d’une mauvaise interprétation d’un concept qu’il a expliqué.

Cette façon d’enseigner m’a rappelé une vidéo de l’artiste Prince Ea qui commence par une citation d’Albert Einstein que j’aime bien: « Everybody is a genius, but if you judge a fish by its ability to climb a tree, it would live his whole life believing that it is stupid ». Dans la vidéo en question Prince Ea critique le système d’éducation actuel qu’il accuse d’empêcher plusieurs individus d’atteindre leur plein potentiel.

Voici le lien vers la vidéo en question

Certains de mes collègues de classe et moi-même avons demandé au professeur Pierre Lévy pourquoi il a choisi d’enseigner en ayant recours aux médias sociaux (Facebook, Twitter et Storify). « Je constate que les médias sociaux sont LE moyen de communication standard aujourd’hui, tout simplement. Vous êtes tous vissés à vos téléphones intelligents, vos tablettes, alors je ne vois aucune raison pour laquelle je ne l’utiliserais pas au maximum, et surtout à des fins d’apprentissage », explique M. Lévy. Sa réponse nous pousse à nous demander si cette technique d’enseignement, qui peut sembler farfelue pour l’instant, deviendra la norme d’ici quelques années.

La forme de ce cours est indéniablement innovatrice, mais qu’en est-il du contenu? Je pense que le cours que j’ai préféré est le tout premier. En l’espace de deux heures, nous avons couvert des sujets se rattachant à l’art, la philosophie, la biologie et l’histoire. On peut communiquer grâce à l’art: comme dit le dicton, une image vaut mille mots. Pour ce qui est de la partie philosophie, j’ai appris qu’un mot de notre alphabet sans quelqu’un pour l’interpréter n’a pas de signification. Dans la partie biologie (la communication dans la nature), nous avons appris la différence entre un corps, une âme et un esprit (entre une plante, un animal et un humain). Finalement, la partie histoire nous a donné un contexte historique pour nous donner une idée du moment à partir duquel les humains ont établi des systèmes de communication plus complexes comme les langues, l’écriture, l’alphabet, l’imprimerie, Internet, etc. Ce cours m’a permis de réaliser que la communication occupe une place centrale essentielle dans tous les domaines de ce monde en plus de me procurer une meilleure connaissance générale.

De plus, il y avait toujours une place pour l’humour ou pour débattre d’un certain sujet. M. Lévy prédit que 99% de la population mondiale sera connectée à Internet d’ici 2035. J’ai exprimé mes doutes en classe par rapport à cette prédiction et ça a mené à un débat très intéressant. Je reste sceptique à cette idée puisque selon moi, on ne verra pas les mendiants du monde entier avec un iPhone à la main de sitôt. D’ailleurs, il n’existe aucun pays où le taux de chômage s’élève à seulement 1%. De plus, encore aujourd’hui, des hommes et des femmes meurent de faim et de soif au tiers monde. Je ne crois pas que ces gens seront connectés avant que leurs besoins primaires ne soient combler. Je n’oublierai pas cette prédiction M. Lévy. Comme je l’ai mentionné plus tôt, je n’aime pas avoir tort, mais s’il advenait que vous aviez raison je vous paierai un café en 20135!

Par défaut